Lew Archer - 09 - L'Affaire Wycherly by Macdonald Ross

Lew Archer - 09 - L'Affaire Wycherly by Macdonald Ross

Auteur:Macdonald, Ross [Macdonald, Ross]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: 10-18
Publié: 1997-04-14T22:00:00+00:00


14

Mackey m’attendait dans le salon anglais du rez-de-chaussée du San Francis. Une brunette bien roulée me le désigna du doigt. Assis à une table encastrée dans une niche boisée, il avait l’air d’une espèce de saint et la fille, d’un guide de cathédrale. La quarantaine sonnée, des yeux noirs toujours en éveil, Willie avait le visage un peu plat, mais une fine moustache brune, un costume sortant de chez un bon faiseur, un œillet blanc à la boutonnière, et les femmes l’adoraient. En me donnant une poignée de main, il me dit :

— Heureux de te voir, Lew. Je pensais que la jungle de Los Angeles t’avait dévoré pour de bon.

— Eh ! j’aime faire un tour en province de temps à autre.

Il sourit. Pour Willie, il y a un paradis terrestre, et c’est San Francisco. Nous commandâmes des steaks et des Gibsons cocktails à une charmante serveuse qui appelait d’ailleurs Willie par son prénom, et se pencha vers lui pour respirer son œillet… Toute la comédie habituelle, quoi ! Dès qu’elle se fut éloignée, je dis :

— Je suis sur une affaire.

— Vu. (Il posa ses coudes sur la table et me regarda du fond de son visage plat.) Tu as prononcé le nom magique de Wycherly au téléphone. Qu’est-ce qui se passe dans la famille, à présent ?

Je lui racontai toute l’histoire.

— Il ne peut s’agir d’un rapt, remarqua-t-il. Des kidnappeurs n’auraient pas attendu deux mois pour contacter la famille… Que fait l’ex-Mme Wycherly, maintenant ?

— Elle traîne çà et là, dans un état de semi-ivresse et de dépression, en parlant de mort et de meurtre.

— J’ai vu venir ce drame de loin. Ils vivaient tous comme chien et chat. (Willie eut un geste fataliste et revint à notre entretien :) Donc, tu dis que Phoebé a été vue pour la dernière fois en compagnie de sa mère ? Et que dit la mère ?

— Rien d’utile…

— Tu as retrouvé le taxi ?

— Non, je suis sur la piste ; tu pourrais m’aider. On apporta des cocktails que nous sirotâmes en silence.

— Tu penses que la fille est morte ?

— C’est une idée que je déteste, fis-je, mais j’en ai l’impression.

— Suicide ou homicide ?

— Je n’envisage pas le suicide.

— Peut-être que tu devrais ; je ne l’ai vue qu’une fois, cinq minutes, et elle m’a tapé sur les nerfs d’une façon…

— Comment est-elle ?

— Très excitante, et elle ne sait que faire de sa peau. Sa mère est du même type à demi hystérique. On ne peut prévoir ce que des femelles de cette espèce vont faire d’elles-mêmes.

— Ou ce que les gens vont leur faire.

— Assassinat alors ?

— Au début je n’y ai pas cru.

— Tu as changé d’idée ?

— Oui. Un peu à cause de ce meurtre, hier, dans la péninsule.

— Le nommé Merriman, le type de l’immobilier ?

— Dis donc, tu piges vite !

— Tu me flattes, répliqua Mackey en riant, mais il se trouve qu’hier, il n’y a eu qu’un seul meurtre sur la péninsule.



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